Les CEE, en baisse d’énergie ?

Alors que le dispositif des CEE entre dans sa troisième période, tous les artisans ne le considèrent pas comme un effet de levier et s’en détournent, surtout dans le monde du chauffage.

Les professionnels vont-ils passer à côté de la troisième période (2015-2017) des certificats d’économie d’énergie (CEE) lancée depuis le 1er janvier 2015 ? Alors que ce dispositif censé soutenir les économies d’énergie a été réévalué avec une obligation de 700 TWh cumac, les acteurs du bâtiment observent un certain désintérêt de la part des entreprises.

Il faut dire que le système a évolué avec cette troisième période. Il bascule vers un mode déclaratif avec contrôle a posteriori. Les particuliers souhaitant bénéficier des CEE doivent obligatoirement recourir, depuis le 1er janvier, à des professionnels RGE pour la réalisation des opérations d’économies d’énergie dans le bâtiment résidentiel. Le catalogue des fiches d’opérations standardisées d’économies d’énergie a été révisé. Les critères sont communs avec d’autres dispositifs tels que le CITE et l’éco-PTZ.

 

Bons d’achat

 

« Les CEE commencent à monter en puissance, mais ils sont encore trop fortement méconnus des artisans », regrette Sabine Basili, vice-présidente de la Capeb en charge des affaires économiques. La Capeb a signé un partenariat avec Total pour accélérer le mouvement, mais rien n’y fait. « Nous avons même des entreprises qui ne veulent plus s’embêter avec ces primes et qui redirigent les particuliers vers les grandes surfaces qui les rémunèrent en bons d’achat, se désole Sabine Basili. Ce n’est pas vertueux et même contre-productif à la fois pour les professionnels et pour l’objectif final de cette démarche. »

Même les négoces en matériaux, qui utilisent ces certificats comme un outil d’aide à la vente, peinent à convaincre les entreprises. « Si les particuliers commencent à être sensibilisés par ce dispositif incitatif, le plus difficile est de passer le message auprès des entreprises », constate Jean-Luc Poudou, chef de projet rénovation énergétique chez Union-Matériaux, qui s’est engagé au côté de GDF-Suez. Le Club Énergies mis en place par le distributeur ne compte qu’une centaine d’entreprises utilisant les CEE.

 

CEE blues

 

Certes, la troisième période a changé la donne : désormais, sans la mention RGE, l’entreprise ne peut pas proposer cette prime qui valorise de surcroît plus qu’avant l’enveloppe et moins les systèmes actifs comme le chauffage. Est-ce autant une raison pour que les TPE s’en détournent ? « Nous proposons les certificats pour l’isolation thermique sous plancher bois aux particuliers, mais aussi dans le cadre de logements collectifs, explique Catherine Begon, implantée à Saint-Priest-en-Jarez (42). La prime paie la TVA et nous attendons l’élargissement des CEE à l’isolation de tuyaux d’eau chaude sanitaire, car la prime peut couvrir une grosse partie de la facture. Mais, pour être honnête, les certificats constituent un effet de levier marginal. »

Dans les métiers de l’isolation, les artisans y trouvent encore un intérêt. « Nous sommes les privilégiés des CEE, estime Pascal Maurin, spécialisé dans l’isolation des combles en Dordogne. Ils m’apportent une vraie différence face à la concurrence : je peux les faire ressortir dans les devis et les ajouter à l’Ecochèque et aux autres aides disponibles. Même si des acteurs ont détourné les certificats, ils sont compris par les clients et j’enregistre un réel gain d’activité. » Mais les chauffagistes, eux, font grise mine. « Non seulement l’effet d’aubaine est passé, mais les grandes surfaces multiplient les offres, ce qui nous retire un effet de levier que nous utili­sions auparavant. Je n’en propose que lorsqu’un industriel, comme cela a été récemment le cas sur une chaudière à granulés, arrive à le faire passer comme une prime liée à sa marque », estime Laurent Bonnefoi, plombier-chauffagsite à Alès.

 

Communication

 

Si les entrepreneurs semblent ne plus attendre de miracle des CEE, ceux qui les utilisent les cumulent avec le CITE et l’éco-PTZ. Ce qui fait dire à Sabine Basili que les pouvoirs publics « doivent absolument prendre leur part de communication » pour que le dispositif accroche enfin auprès des artisans.

 

 

Source : www.lemoniteur.fr